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BINOME ACIER-TERRE :  marier l'industriel et la tradition

  En 2011, une école de formation professionnelle est construite dans un quartier populaire en périphérie urbaine de Niamey (Niger). Optant pour une construction en terre et en acier, le parti architectural visait  une

réalisation contemporaine durable et bio climatique. En utilisant des techniques de décoration issues du patrimoine, le projet s’inscrit dans une culture tout en restant ouvert sur le monde et ses évolutions.

L’école est composée de trois classes et d’une salle commune.  Elle est entièrement construite en banco, un mélange de terre et de paille, jusqu’aux toitures faites de voûtes en terre. La construction est surplombée  par un large préau qui crée des espaces extérieurs couverts entre chacune des classes.

 

D’un point de vue architectural, il s’agissait d’atteindre les exigences suivantes: apporter la lumière dans les classes sans laisser entrer la chaleur; rendre le bâtiment pérenne en mariant les techniques et la tradition au travers du “binôme acier-terre”. 

 

Le projet visait une construction "durable" tout en visant la réalisation de trois objectifs: social, écologique et économique.  L’objectif social a été atteint par la mise en valeur des savoir faire locaux dans les métiers de la construction; grâce aussi aux rencontres et échanges sur le chantier.   L’objectif écologique a, quant à lui, été réalisé par une utilisation optimale des matériaux disponibles sur place, mis en œuvre pour profiter de tous leurs avantages; ainsi, le matériau "terre" amène la fraicheur dans les classes afin de donner aux élèves un confort thermique indispensable sous ce climat.  Enfin, le projet a satisfait à l’objectif économique visé, en développant sur le chantier une filière digne où chacun trouve sa place, apprend et développe ses compétences, tout en respectant une efficacité économique (le projet a coûté 98 € par m2).

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Beaucoup de pays africains accueillent les avancées technologiques mondiales : il est bon de les utiliser, surtout quand on les marie avec la tradition.  Au Niger, pays sahélien d’Afrique de l’Ouest, de nombreux matériaux de construction sont importés.  La construction en terre trouve tout son sens car elle utilise un matériau local et disponible en quantité. Elle peut être complétée par des matériaux contemporains pour pallier certaines de ses faiblesses.  

 

Un des freins à la généralisation des constructions contemporaines en terre est l’entretien qu’elles nécessitent. Pour pallier ce problème spécifique, la construction est surplombée par un large préau qui protège les murs en terre des fortes intempéries.  De plus,  une technique de parement de façade en poterie est expérimentée.  Mis en pratique sur le chantier de l’école, le résultat obtenu est un mur de façade  compact, résistant à l’érosion de la pluie mais perspirant.  Cette technique abordable et efficace peut être  facilement reproduite.

 

Pour rendre le bâtiment pérenne, les produits locaux et les savoir faire traditionnels ont été associés à des matériaux de type “industriel”.  Ici, la terre et l’acier sont les deux matériaux formant le binôme “traditionnel et industriel”.  Le choix de la terre est évident car c’est le matériau local utilisé de tout temps au Niger; il est bien connu par les maître-maçons.  C’est un matériau disponible sur place et donc moins cher.

 

Un autre savoir faire traditionnel supplémentaire est en outre mis à l’honneur sur le bâtiment: les finitions des murs extérieurs sont réalisées par les célèbres femmes peintres d’Ayorou, grâce à une technique connue d’elles seules.  Elles peuvent ainsi transmettre leur savoir faire aux jeunes en formation sur ce chantier, afin que les traditions perdurent dans la modernité.  Leurs fresques extérieures sont protégées de la pluie par la double toiture métallique: le fer est également un matériau maitrisé par les artisans nigériens, héritiers des anciennes castes des “forgerons”.

 

La “fête des métiers” est organisée autour des techniques décoratives pratiquées dans le village d’Ayorou. Lors de formations professionnelles, quarante jeunes maçons sont initiés par des artisanes venues du village. Durant le chantier, des portes ouvertes sont organisées: deux mille personnes sont sensibilisées; parmi eux, des citoyens mais aussi des élus. L’évènement rassemble et convainct différentes générations et groupes sociaux de raviver un patrimoine par ailleurs porteur d’emplois.

 

Plus qu'une simple construction, le projet a porté des valeurs d'échanges, de promotion sociale, des valeurs de protection de l'environnement et de mise à l’honneur des savoir faire. Il a permis également de développer de nombreuses synergies et de donner les moyens à la jeune génération de se construire un avenir, au propre comme au figuré.

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